Un article récent de la Coordination pour l’Afrique de Demain (CADE) attire notre attention sur un projet bien plus ambitieux que notre petit "No Manani" : le traitement de TOUS les plastiques, carrément dans la CAPITALE économique, Douala.
Ce projet confirme le notre dans plusieurs aspects, en particulier :
il faut considérer les plastiques "abandonnés" non pas comme des déchets mais comme une ressource à exploiter,
il est possible de construire une activité économique créatrice d’emplois et économiquement viable, donc pérenne
il est primordial que le projet soit porté par des nationaux, et non "importé" (pour "No Manani" au Mali, nous contacter !)
Ci-dessous, l’article de Roland Portella, directeur de la CADE dans le numéro 163 de la "Lettre de la CADE" de décembre 2013. Les images proviennent de la page Facebook de RED-PLAST :
Alain Rodrigue Ngonde Elong, Red-Plast : transformer les déchets plastiques en produits industriels
Les emballages plastiques contribuent à la pollution et au réchauffement climatique car elles consomment des produits pétroliers, de l’eau, de l’énergie et émettent des gaz à effet de serre. Si certains déchets sont biodégradables, d’autres comme les déchets plastiques ne respectent pas ce principe de biodégradabilité.
Dans certains pays en développement la multiplication anarchique des dépotoirs dans les rues, à proximité des rivières, aux abords des marchés, dans les zones d’habitat, les décharges sauvages, sont des foyers d’infection importants et de prolifération de maladies.
Selon l’association « Reuse it », la planète consomme un million de sacs plastiques chaque minute soit au minimum 500 milliards par an. Pour Eco-emballage 80 % des sacs plastiques ne sont ni triés ni recyclés, et il faut entre 100 et 400 années pour qu’ils puissent se dégrader naturellement !
Il s’agit d’une problématique mondiale et certains pays ont pris des dispositions pour leur réduction, voire leur élimination. ou incitent des entreprises à procéder à leur recyclage. Mais cette activité requiert, en fonction de chaque contexte géographique et de niveau de développement, un minimum de moyens financiers et de savoir-faire technique.
Dans un pays comme le Cameroun la production annuelle de déchets plastiques du secteur industriel serait de 15 250 tonnes. A Douala, sa capitale économique, elle serait de 4 000 tonnes. Dans cette ville les déchets ménagers seraient de 335 tonnes par jour.
Alain Rodrigue Ngonde Elong et ses partenaires, se saisissent alors de cette problématique pour en tirer des opportunités de création d’activités, en décidant de créer, en 2010, Red-Plast, la première entreprise industrielle de recyclage des déchets plastiques au Cameroun. Il est ingénieur en hygiène, sécurité et sûreté industrielle de la faculté de génie industriel de l’université de Douala. Il a également suivi des formations dans le domaine de l’évaluation environnementale, de la durabilité du développement industriel à l’Institut de l’Énergie et de l’Environnement de la Francophonie de l’Université Senghor d’Alexandrie en Égypte.
Son entreprise, dont le financement global est estimé à 1,3 millions € pour une réalisation industrielle, aura pour activité la collecte des déchets plastiques, la transformation et la vente des produits dérivés du plastique à savoir les granulés utilisés comme matière première dans les industries de transformation du plastique ; les tuiles pour les couvertures des maisons ; les pavés pour les revêtements du sol.
Mais pour atteindre ces objectifs de réalisation industrielle de nouveaux produits, Red-Plast lance d’abord des campagnes de sensibilisation sur les méfaits des matières plastiques auprès du public et des institutions publiques nationales, d’organisation de la collecte et des tris. C’est ainsi que l’entreprise prend l’initiative des projets ECO-COLLECT qui vise à mobiliser et former des jeunes dans le cadre d’une vaste campagne de sensibilisation et d’assainissement sur la problématique des déchets. Le premier réalisé en août 2013 était dénommé « Vacances sans plastiques », le second est « Noël sans plastiques » dans les villes de Douala et Yaoundé, du 21 décembre 2013 au 04 janvier 2014.
Ces campagnes, sponsorisées par des institutions et entre-prises camerounaises permettront pour Red-Plast le lancement, en février 2014 de la « Déchetterie industrielle du Cameroun », qui est une centrale de collecte-stockage-traitement des déchets issus de la vie et des activités des entreprises.
Il est intéressant de noter que si le recyclage de déchets plastiques peut permettre de créer des produits d’usages classiques tels que des bouteilles ou des chaises en plastique, la création des produits à plus fortes valeurs ajoutées est à encourager. Contrairement aux pavés en ciment, les pavés en plastique ont l’avantage de ne pas emmagasiner la chaleur pour la libérer une fois la nuit tombée, ils ne s’abîment pas et sont moins chers.
L’initiative de A. R. Ngonde Elong est à louer car il s’investit dans une activité structurante économiquement et socialement. En effet, l’entreprise va allier transformation des comportements, respect de l’environnement, implication des populations et développement industriel « propre », valorisation économique et écologique de matières anciennement polluantes.
De surcroît Red-Plast s’intègre dans une tendance qui est de considérer les déchets comme une ressource, une matière première à exploiter et non comme des rebuts dont il faut simplement se débarrasser, d’autant plus que les décharges de déchets devront impérativement se raréfier.
Grâce à l’élaboration de ce projet A. R. Ngonde Elong a reçu plusieurs prix d’entrepreneuriat : 2ème lauréat à l’Ambassade des USA au Cameroun, ler lauréat à la Journée Nationale de la PME du Cameroun, 1er lauréat au Guichet-Initiative Jeunes du GI-CAM (le 1 er réseau de patronat du Cameroun). Son expertise grandissante lui permet d’être directeur du Salon africain des métiers verts et de l’innovation, qui se déroule au Palais des Congrès de Yaoundé du 16 au 22 décembre 2013, d’avoir réalisé une étude sur les normes et standards environnementaux en Afrique Centrale dans la cadre du Programme d’appui aux associations nationales pour l’évaluation environnementale en Afrique Centrale, en partenariat avec la Commission néerlandaise pour l’évaluation.
Des PME du type de Red-Plast, alliant utilités économiques, sociales et environnementales, manquent encore cruellement dans des pays africains qui veulent atteindre des croissances pérennes. Les États africains et les institutions de développement doivent accélérer la mise en place de mécanismes financiers et des infrastructures de production favorisant l’éclosion et la montée industrielle de jeunes entrepreneurs tels que Alain Rodrigue Ngonde Elong. En effet, par leur courage, l’élaboration de modèles économiques viables, ce sont eux qui peuvent être les premiers vecteurs de la fameuse « transformation structurelle » et endogène de l’Afrique.
Puisse donc cette entreprise trouver tous les financements nécessaires à la réalisation de son développement.
Roland Portella
Développeur et administrateur d’entreprises
Président de la CADE
Alain Rodrigue Ngondé Elong est fondateur et directeur général de Red-Plast
Collecte des déchets plastiques