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LA MINE D’OR DE SADIOLA EN 2014


Je préfère généralement diffuser sur ce site des informations positives, dans les rubriques "coup de cœur" ou "coup de pouce". Je n’ai pas de rubrique "coup de gueule", ça ne saurait tarder...

D’après Africa Confidential, "Le ministre des mines perd patience sur la question de l’extraction du sulphide profond de la mine de Sadiola"(1). Au vu des informations récentes je me serais attendu à d’autres motifs d’impatience : la presse des derniers jours dénonce en effet le licenciement sec de 129 ouvriers, celui annoncé de 500 autres, et le refus de l’entreprise minière d’indemniser les travailleurs licenciés, ainsi que les salaires dus suite à des conflits du travail datant de plusieurs années, et ce malgré un arrêté du Ministre du travail et une injonction de Justice.

C’est un condensé édifiant de l’exploitation de l’or au Mali depuis des dizaines d’années, tableau auquel il faudrait ajouter les graves problèmes de pollution et de santé publique passés et à venir.

Depuis que j’ai commencé à m’intéresser à cette question, aucun progrès vers une solution raisonnable qui permettrait à la population malienne de tirer profit de la richesse aurifère du sous-sol.

C’est à partir de Sadiola (le film de Camille de Vitry) que je me suis passionné pour le Mali. J’ai d’abord regardé la question avec ma formation économique : j’ai étudié les statistiques, les déclarations et comptes d’exploitation des exploitants, les données fournies par le gouvernement du Mali... Le tableau des 15 dernières années, en plein choc des politiques du FMI, était édifiant. Il était évident que tout cet or aurait dû profiter beaucoup plus au Mali, où et comment disparaissait-il ? De nombreux signes évidents d’évasion s’accumulaient, par exemple :
 pas de contrôle de la teneur véritable des minerais : le gouvernement malien ne s’est jamais doté ni de l’équipement ni des compétences ;
 pas de contrôles des sorties d’or : des avions privés partent des aéroports privés des mines ;
 nombreux indices d’utilisation diffuse de réseaux informels pour faire sortir des lingots d’or …

Je me suis également penché sur les bénéfices concrets immédiats pour la population locale : si le Mali ne profitait pas, elle au moins aurait du en profiter : création d’emploi, infrastructures, éducation, santé... L’exploitant (Anglogold) ne reste pas inactif sur le plan de sa publicité : on trouve jusqu’à Bamako des panneaux "Attention école" offerts par la firme, et des cartes postales vantant le village moderne de la mine (construit en fait pour les expats !).

L’enquête sur place de Camille de Vitry montre à quel point on est loin de ce rêve : pollution des sols, pollution de l’air, indifférence et négligences graves se traduisaient déjà par des morts de travailleurs, immédiatement licencié sans indemnité au moindre signe pathologique, des séries inquiétantes de fausse-couches et une infertilité croissante, sans parler des pertes de bétail et des problèmes qui semblaient s’accumuler pour créer un enfer local à la fin de l’exploitation minière.

Face à cela les seules réactions sont celles des travailleurs, par des grèves très durement réprimées, de la population locale qui réussit à se mobiliser pour exiger des explications, une participation aux décisions, des réparations, des expatriés originaires de Sadiola qui interpellent sans beaucoup de succès la Banque Mondiale (cofinanceur de la mine) … sans aucun soutien du gouvernement malien !

Ne confondons pas : Oui les investisseurs ont besoin de stabilité, mais ce sont précisément ces situations de déni de droit à plusieurs niveaux et échelles de temps qui sont génératrices de tensions sociales et politiques, et d’instabilité dans toute la région.

Depuis quelques mois, on entend régulièrement le nouveau gouvernement malien exprimer sa volonté de se doter de moyens de contrôle (2). On se prend à rêver, mais les négligences du passé et les nombreuses promesses oubliées n’incitent guère à l’optimisme.

(1) "Mali’s mines ministry is losing patience over the question of mining Sadiola’s deep sulphide."
http://www.africaintelligence.com/AMA/exploration-production/2014/04/15/battle-for-sadiola-s-deep-sulphide,108018360-ART
Ces "sulphides" contiennent de l’or et pourraient permettre la poursuite de l’exploitation de la mine ; cette préoccupation est donc bien liée à la question de l’emploi, mais le point de vue "entrepreneurial" du ministre - tel que rapporté par Africa Confidential - est choquant vu l’urgence de la situation sociale.

(2) MALI-04/03/2014 Bamako seeking cash to audit mining industry (Bamako cherche de l’argent pour auditer l’industrie minière)
MALI- 21/01/2014 IMF to help Bamako audit mining companies (le FMI pourrait aider Bamako à auditer les compagnies minières)
http://www.africaintelligence.com

Voir aussi à ce sujet : Le prix de l’OR - les générations


Les articles :

Du rififi à la mine d’or de Sadiola : 500 travailleurs bientôt licenciés sans droits

Par Le Prétoire - Date : 27 Mars 2014 5 réactions
http://www.malijet.com/la_societe_malienne_aujourdhui/97355-du-rififi-%C3%A0-la-mine-d%E2%80%99or-de-sadiola-500-travailleurs-bient%C3%B4t-lic.html

Après 129 travailleurs déjà licenciés sans droits et malgré les remontrances de l’Etat, la mine d’or de Sadiola exploitée par la Semos s’apprête à mettre à la rue 500 travailleurs qui, eux non plus, ne bénéficieraient d’aucun droit.

Le Mali est l’un des pays dont le sous-sol est fortement riche en or. En témoignent les gisements qui se font découvrir à tout moment dans certaines régions du Mali, entre autres à Kayes, Sikasso. Et pourtant, au Mali, n’importe quelle femme ne peut pas s’offrir un gramme d’or à cause du prix élevé pour la bourse moyenne. La plupart de l’or extrait est envoyé à l’extérieur. Les exploitants locaux de l’or le font dans une situation déplorable avec son cortège de malheurs (détérioration de l’environnement, maladies etc.) Les exploitants d’or étrangers qui ont signé de gros contrats lamentables avec l’Etat malien contre les intérêts du pauvre citoyen s’enrichissent et enrichissent leurs pays au détriment du peuple malien. Pire, sur certains sites aurifères du Mali, les travailleurs sont obligés de se soumettre aux tracasseries et aux caprices des responsables qui font la loi. Gare à celui qui bronche ou qui parle de grève pour une amélioration de condition de vie. Les travailleurs qui ont osé réclamer leurs droits ont été purement et simplement licenciés sans autre forme de transition et sans droits. Et voilà des chefs de familles laissés pour compte. Toutes les tentatives de faire venir les responsables à la raison sont restées vaines. Les travailleurs licenciés abusivement ont lancé des appels aux autorités, sans succès. Et dire que le souci des autorités est de résoudre le chômage. Pourquoi ne pas revoir ces contrats ? Le comble dans cette affaire est que le malheur des travailleurs de la mine de Sadiola est dû à certains responsables maliens dont nous taisons d’abord les noms, qui ne voient que leurs seuls intérêts et non celui des autres. Ce sont certains responsables maliens de ces mines d’or qui seraient en train d’attiser le feu en encourageant les responsables étrangers à sévir contre des travailleurs maliens dans le but de faire « embaucher leurs parents ». Certains de ces responsables étrangers sur les sites miniers de Sadiola n’ont aucun respect pour les autorités maliennes encore moins pour les travailleurs maliens. Et pourtant, sans cette main d’œuvre malienne la mine ne serait pas là aujourd’hui. Le contenu de l’Arrêté du ministre caché aux travailleurs licenciés Dire que les responsables étrangers de la mine d’or de Sadiola n’ont pas de respect pour les autorités maliennes paraît être un blasphème aux yeux des Maliens non avertis. Et pourtant, c’est la triste réalité. Nous avons été saisis par une source proche du milieu qui nous a fait découvrir un Arrêté N° 0039 Mtash/CAB du 28 janvier 2014 signé par l’actuel Ministre du Travail et des Affaires Sociales et Humanitaires, M. Hamadoun Konaté, pour un rappel de salaire, après saisie par la Fédération Nationale des Mines (Fename), suite à un conflit qui l’oppose au Directeur général de la Société d’Exploitation des Mines d’Or de Sadiola (Semos SA), à propos d’un dépôt de préavis de grève le 03 juillet 2012. Le conflit a été porté devant le Conseil d’arbitrage qui, dans sa sentence rendue le 13 janvier 2013, a condamné la Semos SA à rappeler au personnel la majorité du salaire de base, instituée par le décret N°99250/PRM du 15 septembre 1999 ; la prime de rendement prévue par la Convention Collective applicable. Selon le contenu de l’Arrêté, il est revenu au ministre que le Directeur n’a toujours pas donné effet à cette décision du Conseil d’arbitrage. Cependant, le Ministre a demandé au Directeur de prendre les mesures nécessaires pour faire rentrer tous les travailleurs dans leurs droits. Peine perdue, le Directeur n’a pas encore réagi et pis, il aurait refusé de faire connaître aux travailleurs licenciés le contenu dudit Arrêté. Comme s’il foulait au pied les décisions prises par nos autorités. Or, pour rappel, le président de la République a soutenu le 27 novembre 2013 lors de session du Haut Conseil National de Lutte contre Sida, en réponse à une question en rapport aux mines d’or, qu’il a donné des instructions par rapport à ces mines. Où sont passées ces instructions ? Quel deal y a-t-il entre le gouvernement et les responsables de mines ? En tout cas, ils font la pluie et le beau temps. Tant pis pour les travailleurs qui n’ont rien à envier aux esclaves tellement ils ne peuvent pas s’exprimer librement au risque de se retrouver à la porte. Environ 500 travailleurs seraient en lice pour être licenciés. Pour en savoir clair dans cette situation, nous sommes rentrés en contact avec un certain Berthé qui serait un responsable syndical. Sans autre forme de transition, il a raccroché son téléphone. Parler ou se taire, c’est toujours de l’information. Cette attitude nous fait croire en ce qui se dit sur les lieux, à savoir que les responsables syndicaux sont de mèche avec les responsables de la mine. Car ils semblent ne pas défendre les travailleurs. Pourquoi et à quels prix ils font ce jeu dangereux ? Qu’est ce que le Gouvernement fait de la lutte contre le chômage ? Mettre tous ces travailleurs en chômage, c’est en rajouter à la délinquance sous toutes ses formes et bonjour à plus de pauvreté. La balle est dans le camp du gouvernement pour nous épargner d’autres crises dont le Mali n’a vraiment pas besoin en ce moment. Les mines d’or doivent être revues avec une attention particulière de la part du Gouvernement. Selon toujours notre source, des informations circulent pour demander aux travailleurs de renoncer à une partie de leurs droits qui sera remise au notaire. Pourquoi et dans quel but ? Nous ne saurons le dire. Dans tous les cas, cette situation pourrait occasionner un regain de tension à la Semos. Par ailleurs, il nous a été rapporté que pendant que le Directeur refuse de payer les droits des travailleurs licenciés pour insuffisances de ressources, il serait en train de signer en catimini des sous contrats avec d’autres petites sociétés. Que veut-il réellement ? Il est temps que les autorités réagissent avec vigueur contre certaines pratiques qui remettent en cause nos propres textes au profit des pratiques malveillantes. L’or est extrait du sol malien, mais les Maliens sont devenus les dindons de la farce. Des centaines de milliards proviennent de ces mines sans que le Mali en bénéficie convenablement. En tout cas si ça dure, ça casse et si ça casse, ça ne dure pas. A bon entendeur salut ! Affaire à suivre.

Ibrahim M.GUEYE

Source : Le Prétoire


Liquidation et exécution d’une décision de justice : A quoi joue la LTA-Mali ?

Par Le Prétoire - Date : 07 Avril 2014
http://www.malijet.com/la_societe_malienne_aujourdhui/98377-liquidation-et-ex%C3%A9cution-d%E2%80%99une-d%C3%A9cision-de-justice-a-quoi-joue-l.html

Apparemment, certaines sociétés multinationales au Mali sont au dessus de la loi. C’est le moins que l’on puisse dire au sujet de la société LTA-Mali. Condamné par conseil d’arbitrage, suite à l’affaire : ‘’Entreprises minières LTA-Mali et Semos contre la Fédération nationale des mines et de l’énergie (Fename)’’, la société d’exploitation minière LTA-Mali refuse toujours d’exécuter la décision de justice rendue depuis le 7 janvier 2013. La multinationale juge cette condamnation démesurée et estime par conséquent pouvoir mettre entre parenthèse l’application de sa condamnation.

En effet, il semblerait que le Mali est le seul pays au monde où certaines personnes payent de leur santé physique et psychique pour les super profits des multinationales. En retour, après des années de service rendu, ils sont tout simplement pressurés au maximum et rejetés comme de vieux chiffons aux ordures. Telle est la triste réalité dans certains sites d’exploitation minière au Mali. Au-delà des abus envers les employés, certaines sociétés iront jusqu’à défier les autorités maliennes en refusant d’exécuter les décisions de justice. Le cas illustrant est la société LTA-Mali, une des sociétés-mères de l’extraction des mines au Mali.

En effet, suite à la décision du 7 janvier 2013 du conseil d’arbitrage, qui condamne la société LTA-Mali à mettre les travailleurs de la Fédération nationale des mines et de l’énergie (Fename) dans leurs droits. En clair, le Conseil d’Arbitrage a décidé que la LTA-Mali procède d’une part au paiement du reliquat de ses rappels d’augmentation de salaire de 7%, soit trente deux (32) mois et d’autre part le paiement-aux travailleurs de la prime de rendement pour l’année 2011. Depuis, la société LTA-Mali refuse catégoriquement d’exécuter la décision du tribunal. En tout cas, cette société, poursuivant sa guerre des tranchées avec la justice malienne, risque de salir encore un peu plus son ardoise.

LTA-Mali serait-il mauvais joueur ?

Courant 2012, les comités syndicaux de la Société des Mines d’Or de Sadiola (Semos-SA) et du LTA-Mali affiliés à la Fédération Nationale des Mines et de l’Energie (Fename-Cstm) ont déposé des cahiers de doléances au niveau de leurs entreprises respectives. Le Comité Syndical de LTA-Mali a déposé, le 11 Juin 2012, un préavis de grève.

Selon la Fename, l’échec de la tentative de conciliation est imputable à l’Inspecteur du travail qui aurait refusé un report de 48 heures sollicité par les responsables Syndicaux afin de se faire assister par un responsable de la Coordination Régionale Cstm de Kayes.

Par contre, l’Inspecteur du travail a estimé que les arguments soutenus par les responsables Syndicaux s’analysaient en un refus pur et simple d’engager des négociations avec la direction de l’entreprise. Aussi, celle-ci sollicita et obtint du Directeur Régional du Travail de Kayes l’autorisation de licencier les 27 responsables Syndicaux pour exercice abusif du droit de grève et volonté manifeste de nuire à l’entreprise.

En réaction, la Fédération Nationale des Mines et de l’Energie (Fename) a, au nom des Comités Syndicaux de LTA -Mali et Semos, déposé un préavis de grève de trois (3) jours adressé au Ministre en charge du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle pour les 18, 19 et 20 Juillet 2012. Le Directeur National du Travail, arguant de la complexité des problèmes posés et du risque de débordement sur d’autres zones minières, a appelé à lui le conflit le 16 Juillet 2012. Les responsables des deux sociétés minières ont cependant décliné l’offre de médiation du Directeur National au motif que seule la Direction Régionale du Travail de Kayes demeurait compétente pour gérer le litige. La Fename déposa alors le 19 Juillet 2012 un préavis de grève de trois jours dans toutes les entreprises minières.

Après en avoir délibéré conformèrent aux dispositions des articles L. 228 du Code du Travail, le Conseil d’Arbitrage a rendu la décision dont la teneur suit :

Sur le paiement par LTA-Mali du rappel de la majoration de 7% de salaire aux travailleurs sur une période de 32 mois :

Il y a lieu de rappeler que courant 1999, l’Etat malien décidait d’augmenter de 7% le traitement mensuel de ses agents. Cette mesure, a été acceptée et appliquée par toutes les autres entreprises du secteur privé à l’exception de la Société LTA-Mali. En 2010, suite à des négociations, celle-ci signait avec l’Untm un accord portant sur l’application de cette majoration de 7% par le paiement d’un rappel de quatre (4) mois, au lieu de trente six initialement demandé par les travailleurs. L’accord stipulait que les trente deux (32) mois feraient l’objet d’une renonciation par le Syndicat signataire.

Le Conseil d’Arbitrage a donc décidé que LTA-Mali procède au paiement du reliquat de ses rappels d’augmentation de salaire de 7%, soit trente deux (32) mois.

Sur le paiement par LTA-Mali de la prime de rendement pour l’année 2011 :

Il résulte du barème de production que la Société LTA-Mali a connu en 2011 un dépassement de production par rapport à la prévision sans qu’une prime de rendement ait été payée aux travailleurs. Cette revendication des travailleurs est donc légitime.

Le Conseil d’Arbitrage a décidé d’ordonner à LTA-Mali le paiement aux travailleurs de la prime de rendement pour l’année 2011, conformément aux dispositions de l’article 8 de la convention collective des Sociétés et Entreprises Minières, Géologiques et Hydrogéologiques.

En effet, le Ministre, après avoir constaté que cette décision du Conseil d’arbitrage n’a toujours pas été suivie d’effet, a demandé au Directeur de prendre les mesures nécessaires pour faire rentrer tous les travailleurs dans leurs droits. Peine perdue, le Directeur n’a pas encore réagi et pis, il aurait refusé de faire connaître aux travailleurs licenciés le contenu dudit Arrêté. Comme s’il foulait aux pieds les décisions prises par nos autorités. Or, pour rappel, le président de la République a soutenu le 27 novembre 2013 lors de session du Haut Conseil National de Lutte contre Sida, en réponse à une question en rapport aux mines d’or, qu’il a donné des instructions par rapport à ces mines. Où sont passées ces instructions ? Quel deal y a-t-il entre le gouvernement et les responsables de mines ? En tout cas, ils font la pluie et le beau temps. Tant pis pour les travailleurs qui n’ont rien à envier aux esclaves du moyen âge tellement ils ne peuvent pas s’exprimer librement au risque de se retrouver à la porte.

Au-delà des abus, l’injustice est plus profonde

Le problème dépasse la question des poursuites devant les tribunaux et l’inexécution des décisions de justice. La question n’est pas nouvelle et se pose à tout moment au Mali : quand un projet exploite les ressources naturelles ou affecte l’environnement, est-ce que la population locale devrait avoir le droit démocratique de le refuser ? Les lois existantes, édictées par le politique, servent parfois des intérêts minoritaires. Par exemple, dans les cas où l’extraction se fait par l’injection massive de produits toxiques dans l’eau, il faut reconnaître que les peuples ont le devoir de s’opposer. S’ajoutent à cela des enjeux plus politiques, à savoir si les populations concernées en retirent des gains valant la peine et si elles doivent assumer les frais du nettoyage des lieux par après.

Est-il réaliste de prévoir, pour 2014, un changement face aux conflits associés aux activités extractives ? Le gouvernement acceptera-t-il d’imposer des normes aux compagnies sous peine de sanctions ? À notre avis, le croire serait mal connaître la puissance des intérêts économiques et financiers en jeu. Toutefois, on peut espérer que les conclusions des tribunaux maliennes en 2014 vont dissuader quelques hommes violents.

La balle est dans le camp du gouvernement pour nous épargner certaines pratiques qui remettent en cause nos propres textes au profit des pratiques malveillantes.

En attendu il serait mieux de mettre dans leur droit les travailleurs, qui jusque là, broient du noir.

Ibrahim M.GUEYE

Source : Le Prétoire


Scandale à la mine d’or de Sadiola : 129 licenciements abusifs, 500 autres en stand by !

Par Le Flambeau - Date : 16 Avril 2014
http://www.malijet.com/la_societe_malienne_aujourdhui/99304-scandale-%C3%A0-la-mine-d%E2%80%99or-de-sadiola-129-licenciements-abusifs,-50.html

Après 129 travailleurs déjà licenciés sans droits et malgré les promesses de l’Etat de renégocier les conventions minières en faveur des Maliens, la mine d’or de Sadiola exploitée par la Semos-Sa, s’apprête à mettre à la rue 500 travailleurs qui, eux non plus, ne bénéficieraient d’aucun droit.

diola veut rééditer son dernier forfait. Il y a quelques semaines seulement, elle avait réussi à licencier 129 travailleurs, dans des conditions que certains ont qualifiées de mafieuses, puisque ces travailleurs mis à la porte n’auraient bénéficié d’aucun droit ni de plan social. La Semos-Sa veut remettre cela. Et cette fois-ci, ce sont 500 travailleurs qui seront concernés. Eux aussi sans droit, semble-t-il.

Il est incompréhensible qu’encore aujourd’hui, ces sociétés prospèrent dans de telles attitudes. Au cours de la campagne pour l’élection présidentielle, tous les candidats avaient promis, en cas de victoire, de procéder, dès leur élection, à la révision des contrats et conventions qui régissent l’exploitation minière. Avec l’arrivée d’Ibrahim Boubacar Kéïta, sur lequel beaucoup d’espoirs sont fondés, beaucoup sinon tout le monde avaient cru que l’or malien allait enfin briller pour le bonheur du peuple malien. Ce qui, jusque-là, n’a jamais été le cas. Pourtant, le sous-sol malien est riche, très riche, notamment en gisements d’or. En témoigne la ruée dont ce pays fait l’objet de la part des chercheurs d’or. Ils se ruent d’autant plus qu’ils sont assurés d’obtenir des licences sans trop se soucier de leurs revenus. La part léonine est pour eux, la partie congrue pour le Mali.

Une fois installés, ces exploitants montrent leur véritable visage de maîtres incontestés et incontestables. Ainsi, sur certains sites aurifères du Mali, les travailleurs sont obligés de se soumettre aux tracasseries et aux caprices des responsables qui font la loi. Gare à celui qui bronche ou qui parle de grève pour une amélioration de condition de vie ! Les travailleurs qui ont osé réclamer leurs droits, ont été purement et simplement licenciés sans autre forme de procès et sans droits. Des chefs de familles sont ainsi livrés à la clochardisation. Le comble dans cette affaire est que le malheur des travailleurs de la mine de Sadiola est dû à certains responsables maliens qui ne voient que leurs seuls intérêts. Ce sont certains responsables maliens de ces mines d’or qui seraient en train d’attiser le feu en encourageant les responsables étrangers à sévir contre des travailleurs maliens dans le but de faire « embaucher leurs parents ». Certains de ces responsables étrangers sur les sites miniers de Sadiola n’ont aucun respect pour les autorités maliennes, encore moins pour les travailleurs maliens. Et pourtant, sans cette main d’œuvre malienne, la mine ne serait pas là aujourd’hui.

Le contenu de l’Arrêté du ministre caché aux travailleurs licenciés

La connivence entre ces responsables locaux et leurs maîtres étrangers ne fait aucun doute. Et ne date pas d’aujourd’hui, comme l’atteste l’Arrêté N° 0039 Mtash/CAB du 28 janvier 2014, signé par l’actuel ministre du Travail et des Affaires sociales et humanitaires, Hamadoun Konaté, pour un rappel de salaire, après saisie par la Fédération nationale des mines (Fename), suite à un conflit qui l’oppose au Directeur général de la Société d’Exploitation des Mines d’Or de Sadiola (Semos-Sa), à propos d’un dépôt de préavis de grève le 03 juillet 2012. Le conflit a été porté devant le Conseil d’arbitrage qui, dans sa sentence rendue le 13 janvier 2013, a condamné la Semos SA à rappeler au personnel la majorité du salaire de base, instituée par le décret N°99250/PRM du 15 septembre 1999 ; la prime de rendement prévue par la Convention Collective applicable. Selon le contenu de l’Arrêté, il est revenu au ministre que le Directeur n’a toujours pas donné effet à cette décision du Conseil d’arbitrage. Cependant, le Ministre a demandé au Directeur de prendre les mesures nécessaires pour faire rentrer tous les travailleurs dans leurs droits. Peine perdue, le Directeur n’a pas encore réagi et pis, il aurait refusé de faire connaître aux travailleurs licenciés le contenu dudit Arrêté. Comme s’il foulait au pied les décisions prises par nos autorités. Or, pour rappel, le président de la République a soutenu le 27 novembre 2013 lors de session du Haut conseil national de lutte contre Sida, en réponse à une question en rapport aux mines d’or, qu’il a donné des instructions par rapport à ces mines. Où sont passées ces instructions ? Quel deal y a-t-il entre le gouvernement et les responsables de mines ? En tout cas, ils font la pluie et le beau temps. Tant pis pour les travailleurs qui n’ont rien à envier aux esclaves, tellement ils ne peuvent pas s’exprimer librement au risque de se retrouver à la porte.

Environ 500 travailleurs seraient en lice pour être licenciés. Pour en savoir clair dans cette situation, nous sommes rentrés en contact avec un certain Berthé qui serait un responsable syndical. Sans autre forme de transition, il a raccroché son téléphone. Parler ou se taire, c’est toujours de l’information. Cette attitude nous fait croire en ce qui se dit sur les lieux, à savoir que les responsables syndicaux sont de mèche avec les responsables de la mine. Car, ils semblent ne pas défendre les travailleurs. Pourquoi et à quels prix, ils font ce jeu dangereux ? Qu’est ce que le Gouvernement fait de la lutte contre le chômage ? Mettre tous ces travailleurs en chômage, c’est en rajouter à la délinquance sous toutes ses formes et bonjour à plus de pauvreté. La balle est dans le camp du gouvernement pour nous épargner d’autres crises dont le Mali n’a vraiment pas besoin en ce moment. Les mines d’or doivent être revues avec une attention particulière de la part du Gouvernement.

Selon toujours notre source, des informations circulent pour demander aux travailleurs de renoncer à une partie de leurs droits qui sera remise au notaire. Pourquoi et dans quel but ? Nous ne saurons le dire. Dans tous les cas, cette situation pourrait occasionner un regain de tension à la Semos-Sa. Par ailleurs, il nous a été rapporté que pendant que le Directeur refuse de payer les droits des travailleurs licenciés pour insuffisance de ressources, il serait en train de signer en catimini des sous-contrats avec d’autres petites sociétés. Que veut-il réellement ? Il est temps que les autorités réagissent avec vigueur contre certaines pratiques qui remettent en cause nos propres textes au profit des pratiques malveillantes. L’or est extrait du sol malien, mais les Maliens sont devenus les dindons de la farce. Des centaines de milliards proviennent de ces mines sans que le Mali en bénéficie convenablement. En tout cas si ça dure, ça casse et si ça casse, ça ne dure pas. A bon entendeur salut ! Affaire à suivre.

Bruno LOMA

Source : Le Flambeau

mercredi 23 avril 2014

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