MALI PENSE

"Honni soit qui mal y pense" ? Non ! Heureux soit qui "Mali" pense, car c'est un beau voyage qui l'attend...

akbk1-récap 01 - Comment le dire ?


Le bambara est facile : pas de genre masculin-féminin-neutre, pas de déclinaison accusatif-datif-génitif-..., pas de conjugaison ni de verbes irréguliers.
Mais il faut quand même un peu d’effort pour s’immerger dans cette langue si différente par certains aspects des langues européennes. Et, si, quand même ! il y a des exceptions à apprendre, ainsi que tous les tournures bambaras qui expriment les mêmes nuances que celles de nos "temps" et conjugaisons.

CETTE RÉCAP S’ADRESSE EXCLUSIVEMENT À CELLES ET CEUX QUI ONT SUIVI LES 18 COURS PROPOSÉS ICI. Ou bien ont une bonne connaissance de base du bambara et de sa grammaire. Les curieux sont les bienvenus mais c’est à leurs risques et périls d’indigestion grammaticalo-linguistique ;-) ...

Au terme de ces 18 cours, il peut être utile de revoir certains aspects de façon globale afin de bien fixer les structures, qui sont vos points de repères pour comprendre... et pour parler. C’est ce que ces "récap" (récapitulatifs) s’efforcent de faire.

illustration : peinture d’Abdoulaye Konaté

Les types d’énoncés en Bambara

Vous avez vu, et revu, au fur et à mesure de la progression de votre apprentissage, un certain nombre de structures de phrases ou énoncés. Il est important de bien les mémoriser : ils ne sont pas nombreux, ils sont faciles à retenir, et ce sont eux qui vous donnent les repères essentiels pour comprendre. En effet, en Bambara, beaucoup de mots se ressemblent, d’autant plus que ce sont des formes courtes : si par exemple peut vouloir dire « aucun », « karité » ou « passer la nuit » ; sa position dans l’énoncé sera un indicateur précieux pour comprendre de quoi l’on parle !
Pour simplifier la lecture, on utilise les abréviations suivantes :
S : sujet, V : verbe, COD : Complément d’objet direct, COI : complément d’objet indirect ou Circonstanciel, PP : postposition, MP : marque prédicative (nécessaire avec les verbes).

RÉCAPITULATIF

Non verbaux S Copule (COD) V (COI/Circ)
Présentatif S dòn / tɛ́ (COD) (COI/Circ)
Équatif S yé / tɛ́ COD yé (COI/Circ)
Situatif S bɛ́ / tɛ́ (COD) (COI/Circ)
Prédicatif S kó :
Verbaux S marque prédicative (COD) V (COI/Circ)
Qualitatif S ká / mán (COD) VQ (COI/Circ)
Imperfectif
- habituel S bɛ́ / tɛ́ (COD) V (COI/Circ)
- futur S bɛ́na / tɛ́na (COD) V (COI/Circ)
- futur certain S nà (COD) V (COI/Circ)
- progressif (non visuel) S bɛ́ / tɛ́ (COD) V-la/na (COI/Circ)
Perfectif
- perfectif transitif S yɛ́ / má (COD) V (COI/Circ)
- perfectif intransitif S V-ra/la/na (COI/Circ)
Impératif
- Impératif 2°pers.sing. (COD) V (COI/Circ)
- Impératif 2°pers.pl. yé (COD) V (COI/Circ)
- Prohibitif S kàna (COD) V (COI/Circ)
Subjonctif, hortatif... S ká / kàna (COD) V (COI/Circ)
Conditionnel/Temporel S màna (COD) V (COI/Circ)

LES ÉNONCÉS NON VERBAUX

Contrairement aux énoncés verbaux où le verbe a besoin d’une marque prédicative (bɛ, tɛ, ka, ye…) ou d’une dérivation (-ra, -la ou -na), les énoncés non verbaux utilisent une copule unique qui condense en elle même le couple marque prédicative+V :

le présentatif : dǒn / tɛ

S dǒn / tɛ (COI/Circ)
mùn dòn ?
Qu’est-ce que c’est ? (Quoi est ?) (cours n°03 Cycle 3 C1)
mobili tɛ.
ce n’est pas une voiture (cours n°03 Cycle 4 C1)

- c’est l’énoncé de l’identification, et ce qui est identifié est plutôt en général un état stable (contrairement à l’énoncé situatif qui fait état d’une situation qui peut ne pas être stable, permanente) : voir le cours n°03

+ d’exemples :

l’équatif

S ye/tɛ (copules) COD ye (PP) (COI/Circ)
Nìn ye Kariba ka denbaya ye
C’est la famille de Kariba (Cours n°4)

- voir le cours n°03 : il s’agit d’établir une égalité entre ce qui est avant, et ce qui est à l’intérieur du cadre « ye… ye » ou « tɛ … ye ». La plupart du temps cela indique l’inclusion dans une classe, l’identité :

+ d’exemples :

Attention : Lorsqu’il s’agit de tɔgɔ, jàmu, kɔrɔ (au sens de « le sens ») ou bɛɛ (« tout, chaque »), il est tout à fait possible et courant de ne pas utiliser la postposition yé après le nom (et même assez souvent la copule yé avant le nom !)

+ d’exemples :

le situatif

S bɛ́/tɛ́ (COI/circ PP)
Sìgilan` yàn (wà) ?
Y a-t-il une chaise ici ?

Exprime une situation dans le temps, l’espace (« locatif ») ou l’état de la personne
- voir le cours n°03 (et plus d’exemples dans le cours n°04) :La construction typique est celle avec une PP à valeur de lieu (la, kɔnɔ, kɔfɛ̀...), ou possessive (fɛ̀, bolo, kun), ou exprimant la partie d’un entier (la).

+ d’exemples :

le prédicatif : ko

S ko  : « citation »
Mùsokɔrɔba ko « nà yàn ! »

Voir le cours n° 18 sur le prédicat de parole.

+ d’exemples :

VERBAUX

Tous les énoncés utilisant des verbes ont la même structure :

S MP (COD) V (COI PP)

ou

S (MP) (COD) V-suff (COI PP)

Rappel : on appelle « transitifs » les verbes qui ont un COD
et « intransitifs » les verbes qui n’ont pas de COD.

qualitatif

(correspond au verbe « être ... » suivi d’une qualité ; ils sont donc « intransitifs ») ká / mán (marques prédicatives, puisqu’il s’agit de verbes)

S ka/man VQ (COI PP)
n ka teli i ye
je suis plus rapide que toi

Le « groupe postpositionnel » COI PP est optionnel, il peut servir pour faire une comparaison, en particulier avec la conjonction ni, qui peut être omise.

n ka teli ni i ye
je suis plus rapide que toi

Le qualitatif (et une liste de verbes qualitatifs) a été vu lors du cours n°08 et du cours n°16 (transformation des Verbes qualitatifs en verbes normaux à l’aide du suffixe -ya).
Le verbe qualitatif kan « être égal » est utilisé dans une expression où,

  • suivi d’un infinitif, il signifie « devoir »,
  • suivi d’une groupe « avec » : ni X ye, il signifie « avoir droit » (être égal avec X)
+ d’exemples :

verbal

Il n’y a pas vraiment de « temps » de conjugaison comme en français. On peut rendre exactement les « temps » du français, mais si on le fait, on utilisera alors forcément les combinaisons suivantes qui s’articulent autour de la notion d’action accomplie ou non :

IMPERFECTIF

Présent ou habituel
S bɛ/tɛ (COD) V (COI/Circ)
Bari kalan don o don
Barry fait la lecture (l’étude) chaque jour (cours n°10)
+ d’exemples :
Futur

On distingue le futur simple avec la MP bɛna et le futur certain avec la MP na.

S bɛna/tɛna
na
(COD) V (COI/Circ)
ò fìniw bɛna dòn selidon
Ces habits seront portés le jour de la fête (cours n°18 Seliba Fulabugu)
+ d’exemples :
Progressif
Progressif visuel

C’est en réalité une construction non-verbale : le situatif. Le verbe se transforme en nom, suivi de l’article défini et la postposition la/na : « baara » devient « baara ̀ la », « kàlan » devient « kàlan ̀ na », ...

Progressif non-visuel
S bɛ/tɛ (COD) V-la ou V-na (COI/Circ)
Ń dɔ́gɔkɛ̀ bɛ́ kàlanna Fáransi
mon petit frère est en train d’étudier en France

PERFECTIF

Le perfectif (cf. cours n°15) peut lui aussi marquer

  • le présent : pour certains verbes c’est le mode normal, par exemple « n sɔnna » pour dire « je suis d’accord » (c’est accompli : la décision est déjà prise)
  • le futur : en particulier pour les conditionnelles/temporelles (voir plus bas énoncés complexes) c’est le temps normal : quand cela sera accompli / si cela est accompli…
Intransitif
S PAS DE MP COD V-ra -la ou -na (COI/Circ)
Bari taara Musa bara
Barry est allé chez Moussa (cours n°15 Bari taara bɔ Musa ye)
+ d’exemples :
Transitif
S ye COD V (COI/Circ)
Bari ni Musa mùso ye ɲɔgɔn fo
Barry et la femme de Moussa se sont salués l’un l’autre (cours n°15 Bari taara bɔ Musa ye)
+ d’exemples :
Négatif (transitif ou intransitif)
S ma (COD) V (COI/Circ)
mɔ̀gɔ sí má jínɛ yé túgun
personne n’a vu de génie à nouveau (Cours n°19 - Sɛ̀nɛkɛla mín ̀ yé jínɛ námara – à la fin )

NB : ici il s’agit bien du verbe yé « voir » et non de la marque prédicative, ni de la postposition.

+ d’exemples :

autres

Impératif

On a abordé l’impératif les cours n°10 et n°13
Affirmatif
2ème personne du singulier : i, àlê

PAS DE S PAS DE MP (COD) V (COI/Circ)
wúli !
Lève-toi ! (cours n°10, Cycle 7 M1)
+ d’exemples :

2ème personne du pluriel : avec á (mais pas avec la forme emphatique, aw)

2PL ye (COD) V (COI/Circ)
yé nà ní wari ̀ yé !
Apportez l’argent ! (Venez avec l’argent !) (cours n°13 Dialogue)
+ d’exemples :

Négatif 2ème personne du singulier ou du pluriel, dit « prohibitif »

S kana (COD) V (COI/Circ)
kàna táa !
Ne pars pas ! (cours n°13, Petits dialogues 1)
kàna bɔ́ yàn !
Ne sortez pas d’ici !
+ d’exemples :

Subjonctif

Que l’on a aussi appelé « hortatif » dans le cours n°13, car c’est une utilisation du subjonctif.
Affirmatif

S
(obligatoirement présent)
ká (COD) V (COI/Circ)
ká nà
Viens s’il te plait ! il faudrait que tu viennes !
(Jɔ̂n kó) k’ cíkɛ ?
(Qui a dit) que tu le cultives (cours n°19 Sɛ̀nɛkɛla mín ̀ yé jínɛ námara, au début)

Plus d’exemples
- dans le Dictionnaire Bamadaba : ká (choisir celui indiqué SBJV)
- dans le Corpus Bambara (non tonal) : cliquer ici
Négatif ou Prohibitif
On a vu la marque prédicative kàna dans le cours n°13

S
(obligatoirement présent)
kàna (COD) V (COI/Circ)
kàna nà
Qu’elle ne vienne pas ! Il ne faudrait pas qu’elle vienne !
án kàna bɔ́ yàn
Il ne faut pas que nous sortions d’ici.
kàna í ka màrifa tà
Il ne faut pas que tu prennes ton fusil ! (cours n°19 Dònsokɛ ní kúngo-kɔ́nɔ-sògow)

Conditionnel/Temporel

La marque prédicative mána est utilisé dans des phrases subordonnées, juste avant une phrase principale (voir les « énoncés complexes » plus bas).

S mána (COD) V (COI/Circ)
mána kúnun ,...
quand je me réveille,... (cours n°11 Cycle 1 M2)
Áw mána dàraka` dún ,...
quand vous avez mangé le petit-déjeuner,... (cours n°11 Cycle 1 C4)
Lɛrɛ 3 mána se ,...
à 3 heures (quand arrivent les 3 heures) (cours n°11 Cycle 4 C2)
jírikuru mána mɛ́n jí lá, ...
quand la pirogue reste longtemps dans l’eau, (… elle ne devient pas crocodile) (cours n°11 proverbe)

Plus d’exemples
- dans le Dictionnaire Bamadaba : mána (choisir celui indiqué COND AFF)
- dans le Corpus Bambara (non tonal) : cliquer ici

Variantes communes à tous les énoncés

interrogatif

n’importe lequel des énoncés précédents + la particule wà (vue dans le cours n°02)
Le pronom interrogatif occupe toujours la même position que le mot qu’il remplace :
mùn « quoi », mín « où », jɔ̂n « qui », jòli « combien » ...

rétrospectif/passé

L’opérateur tǔn (vu dans le cours n°16) exprime une valeur du rétrospectif, proche de celle du passé. Sa position est le plus souvent devant la tête syntaxique de l’énoncé qui est représentée en bambara par la copule (dans l’énoncé non-verbal : bɛ, tɛ, dòn) ou la marque prédicative (dans l’énoncé verbal : bɛ, tɛ, bɛna, mana, ye, ka...).

LA VOIE PASSIVE

C’est un chemin très fréquenté en bambara, mais il occasionne au début quelques troubles chez les français : En effet, en français, on utilise l’auxiliaire être et un participe passé pour passer de « manger » à « être mangé ». Mais en bambara, comme dans beaucoup d’autres langues, on ne s’embarrasse pas autant, on utilise la même forme, ainsi :

S (MP) COD V COI/Circ
bɛ́ dàraka dún.
je mange le petit-déjeuner
devient :
Dàraka bɛ́ dún.
le petit-déjeuner est mangé
ou on mange le petit-déjeuner

On appelle « labilité » cette propriété des verbes à être utilisé sous la même forme à la voix active comme à la voix passive. En devenant intransitif, le verbe a perdu l’identité de la personne qui agit, c’est le Complément d’objet (COD) qui est devenu sujet (S).
On peut toutefois préciser de façon indirecte dans le Complément d’objet indirect :

S (MP) COD V COI/Circ
Dàraka bɛ́ dún ń fɛ̀
le petit-déjeuner est mangé par moi

C’est au perfectif que cela devient intéressant, quand la consommation du petit déjeuner a été accomplie :
Si l’on veut transformer

S (MP) COD V COI/Circ
yé dàraka dún.
J’ai mangé le petit-déjeuner

en effet il n’est pas interdit d’utiliser le participe passé en bambara, à l’image du français :

Dàraka dúnnen bɛ́. Le petit-déjeuner a été mangé

Mais il est plus fréquent de dire :

Dàraka dúnna. Le petit-déjeuner a été mangé

Attention toutefois pour les français :
On évitera de dire : « Ń dúnna » car, si l’on croit dire « J’ai mangé », ce qu’un bambara entend c’est « J’ai été mangé » et il pourra légitimement demander « Par qui ? Par un lion ? ».
Il faudra, absolument, ajouter un complément d’objet : « Ń yé dàraka dún. »

LES ÉNONCÉS COMPLEXES

« Complexes » mais pas compliqués : il s’agit le plus souvent de deux phrases à la suite de l’autre, la première le plus souvent étant la clause subordonnée, la seconde la clause principale : la première indique « les circonstances ».
Ces phrases peuvent être des énoncés non-verbaux ou verbaux, chacun étant la « clause » (première, deuxième...) d’une phrase plus ou moins longue.
Il y en a trois,... et vous en connaissez déjà deux :

les énoncés consécutifs

Ils correspondent à ces phrases que l’on enchaîne en français avec la conjonction « et ». Mais on ne peut pas utiliser en Bambara la conjonction « ní » ou le « àní » (qui ne servent que pour les noms) : on utilise la marque prédicative de l’infinitif, le kà à ton bas, et on ne répète pas le sujet :

S MP (COD) V (COI/Circ)
1 (Ɔ̀wɔ,) án bɛ́ kàlan ̀ kɛ́
2 k’ tá ntɛ̀nɛndón fɔ́ júmadón.
(Oui) nous faisons l’étude
et la prenons du lundi jusqu’au vendredi (cours n°13 Cycle 5 M6)

NB : « k’à tá » est une expression qui peut être traduite par « depuis », « du ».

les énoncés conditionnels ou temporels

  • avec la marque prédicative mána (voir plus haut)
  • avec la conjonction de coordination ní
    Ils sont presque équivalents :
conj. S MP (COD) V (COI/Circ)
1 Áw mána dàraka` dún ,...
2 Ní áw yé dàraka` dún ,...
quand vous avez mangé le petit-déjeuner,... (cours n°11 Cycle 1 C4)

les énoncés relatifs

  • avec le marqueur mín ̀ dans une phrase, et dans l’autre phrase un pronom de renvoi : ò, ò tigi, ò tùma…
    mín est un déterminant, lorsqu’il suit un nom, qui signifie « ce X qui », « le X qui »,...
    ou bien un pronom, lorsqu’il est tout seul, avec le sens « celui qui », « celle qui ».
    Il peut aussi être employé seul sans subordonnée ni principale, en particulier dans les titres :
Fɛ́nw bɛ́ yɔ́rɔ mín L’endroit où sont les choses (cours n°06)
Sɛ̀nɛkela mín ̀ yé jínɛ námara Le paysan qui a trompé le djinn (cours n°19)

Il n’y a pas d’exemples de phrases complexes dans cette première partie de cours pour débutants, on en verra d’autres dans le cours « avancé », comme par exemple :

Bakari sómɔgɔ mínw ká kɔ̀rɔ Bakari yé, bɛ́ɛ yé Fanta búran yé.

Phrase que l’on peut analyser comme deux clauses : un énoncé qualitatif et un énoncé équatif :

S 1-MP/2-COP (COD) V (COI/Circ)
1 Bákari sómɔgɔ mínw ká kɔ̀rɔ (ní) Bákari yé,
2 bɛ́ɛ yé Fanta buran yé.
Les proches de Bakari qui sont plus vieux que Bakari, tous sont les beaux-parents de Fanta. (cours avancé)

mardi 26 mai 2015

NB: Pour un message en privé à l'auteur, envoyer un email à : contact@mali-pense.net

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